Hearthstone vs Artifact : Enfin un concurrent à la hauteur ?

Par Cyril / octobre 23, 2018 / Pas de commentaires

Les jeux de cartes à collectionner (ou CCG pour les intimes) ont le vent en poupe depuis quelques années. En 2014, Blizzard et son jeu Hearthstone ont fait naitre une véritable tendance et un engouement fort pour les jeux de carte qui, hors du poker et du solitaire, n’avaient jamais vraiment percé dans le monde du jeu vidéo.

Chronique Hearthstone vs Artifact

Depuis l’arrivée d’Hearthstone sur nos ordinateurs et nos mobiles, de nombreux jeux ont tenté d’emboiter le pas : The Elder Scrolls: Legends, Gwent, Krosmaga, Duelyst, Eternal, Hex, Shadowverse… la liste est longue et continue de s’étoffer. Pourtant, malgré des succès remarquables lors de leur sortie pour Gwent ou encore Shadowverse, aucun de ces jeux ne semble avoir eu l’impact attendu sur le long terme. Quelques mois voire quelques années après la sortie de ces gros concurrents, le constat est frappant : Hearthstone est indétrônable et aucun autre jeu de carte ne lui arrive à la cheville en termes de popularité de développement compétitif.

Mais les choses pourraient changer, et pas plus tard qu’en Novembre ! Si vous suivez un tant soit peu le milieu des jeux de cartes, vous n’avez pas pu manquer le phénomène Artifact. Développé par le géant Valve et porté sur l’univers de Dota, le jeu a été encensé par le public et notamment les professionnels du genre ayant eu la chance de participer à la beta du jeu.

Le 28 Novembre, le grand public aura enfin accès gratuitement au jeu pour se faire sa propre opinion sur Artifact, attendu par beaucoup comme le futur titre majeur du genre CCG. Ayant beaucoup analysé le contenu publié par Valve et divers influenceurs et regardé des dizaines de vidéos de gameplay d’Artifact, je pense avoir mon petit avis sur la question du potentiel d’Artifact.

Artifact deviendra-t-il le numéro un du jeu de cartes en ligne ? Jetez un petit coup d’œil aux points forts et aux points faibles du jeu afin de vous faire votre propre idée !

Les points forts d’Artifact

Un gameplay original

Si vous avez déjà vu la moindre image d’Artifact, vous avez dû vous rendre compte de quelque chose : c’est incompréhensible ! Et pour cause, le jeu se veut radicalement différent des autres CCG sortis à ce jour. Voici quelques éléments de gameplay que l’on retrouve dans Artifact :

  • Le plateau de jeu est partagé en 3 « lanes »
  • Pour gagner une partie, il faut détruire la tour ennemie (30 points de vie) sur deux lane, ou détruire une tour puis l’ancien (80 points de vie) qui se cache derrière
  • Un deck est composé de 5 héros, 40 cartes dont 15 liées aux héros
  • Les couleurs (rouge, bleu, vert, noir) de votre deck dépendent uniquement des héros que vous utilisez
  • Vous pouvez déployer vos héros sur la lane que vous souhaitez. Les minions (des serviteurs faibles) apparaissent quant à eux aléatoirement sur l’une ou plusieurs des lanes
  • Chaque fois que vous jouez une carte, c’est à votre adversaire de jouer
  • Au début de chaque tour, vous pouvez utilisé l’argent récupéré en tuant des unités pour acheter divers objets
  • Toutes les unités sur une lane s’attaquent mutuellement au même moment

Le fonctionnement du jeu est assez difficile à expliquer et le gameplay est tellement atypique qu’il est assez compliqué de comprendre précisément ce qu’il se passe lorsqu’on observe pour la première fois une partie d’Artifact. Néanmoins, si quelques guides et vidéos m’ont permis d’avoir une bonne vue d’ensemble de la manière dont se joue le jeu, il est certain qu’un bon tutoriel et quelques parties permettront à monsieur tout le monde de saisir les principaux éléments de gameplay.

L’impulsion e-sport d’un studio incontournable

Les jeux de cartes est l’e-sport, c’est une histoire compliquée. Si les CCG sont par nature extrêmement compétitifs, peu d’entre eux ont réussi à réellement acquérir le statut de « jeu e-Sport ». Hearthstone l’a fait en un certain sens, même si beaucoup de fans d’e-sport le trouvent beaucoup trop aléatoire pour avoir une réelle légitimité compétitive.

Si Artifact semble moins conditionné par l’aléatoire que Hearthstone, il est évidemment impossible d’affirmer dès maintenant si oui ou non le jeu aura un véritable potentiel e-sport. Une chose est sûre : si Artifact se révèle être un bon jeu compétitif, il ne loupera pas le coche comme ont pu le faire nombre de CCG moins ambitieux.

Pourquoi être aussi confiant ? Parceque le jeu est développé et produit par Valve, un studio pour qui l’e-sport n’a rien d’inconnu. Counter Strike et Dota 2 sont deux des piliers de l’e-sport actuels, et tout laisse à penser que Valve n’est pas du genre à sous-exploiter le potentiel compétitif d’un jeu.

Un skillcap élevé

Toujours dans la veine de la compétitivité, le skillcap est tout simplement la part laissée au talent d’un joueur dans une partie. Beaucoup de joueurs critiquent justement ce point dans Hearthstone, puisque même un niveau de jeu démentiel peut ne pas être suffisant pour remporter une partie contre un adversaire faisant des erreurs, pour peu que l’aléatoire vienne mettre son grain de sel dans la partie.

Avec moins d’aléatoire et un gameplay infiniment plus complexe que Hearthstone (notamment grâce au système de lane), tout laisse à penser qu’un excellent joueur se démarquera énormément du lot, même si la chance n’est pas de son côté. Les choix stratégiques ont beaucoup d’impact, ce qui est indispensable pour créer une scène compétitive saine et durable.

Beaucoup de possibilités de gameplay

Sans entrer dans les détails de la construction de deck, il faut savoir que vous devez sélectionner 5 héros parmi une quarantaine (dévoilées à ce jour). La combinaison de ces 5 héros, de leurs capacités passives, actives, de leurs cartes uniques et des autres cartes que vous choisissez d’incorporer à votre deck vous donne un éventail de possibilités énorme !

Le nombre de cartes, le système de lane, les équipements… le nombre d’actions possibles en un tour est vertigineux. La courbe de progression s’annonce escarpée, mais d’autant plus intéressante à gravir !

Un univers riche

Hearthstone, Gwent, Krosmaga, The Elder Scrolls: Legends et maintenant Artifact… beaucoup des CCG qui ont marqué ces dernières années sont issus de grandes licenses : Warcraft pour Hearthstone, Dofus et Wakfu pour Krosmaga et Dota pour Artifact pour ne citer qu’eux.

Si cette formule semble fonctionner à merveille, ce n’est pas par hasard !

Premièrement, c’est un excellent moyen d’attirer sur le jeu un public tout trouvé : les fans de la licence d’origine. Indubitablement, les fans de Dota vont s’intéresser au jeu, certainement l’essayer et donc constituer une bonne partie de la communauté initiale, qui peut évidemment s’étendre bien au-delà de la sphère des joueurs de Dota.

Choisir une license aussi influente que Dota, c’est aussi s’assurer de développer son jeu au sein d’un univers qui a déjà un sens, une histoire, des personnages à l’identité forte. Évidemment, cela n’est qu’un élément secondaire du succès d’un jeu de carte, mais ce n’est pas un détail futile pour autant.

L’impact raisonnable de l’aléatoire

Comme exposé précédemment, le skillcap d’Artifact est élevé. Certes, le jeu comporte des éléments d’aléatoire : la pioche, la répartition des minions et même l’effet de certaines cartes. Ce petit côté aléatoire est très important dans les jeux de cartes : il créé de l’inattendu, des situations incroyables… il contribue grandement au côté fun du jeu.

À l’inverse d’Hearthstone, Artifact a choisi de limiter grandement l’aléatoire. Les situations où une partie se perd sur un pile ou face devraient êtres assez rares, et on voit déjà les meilleurs joueurs d’Artifact s’en tirer avec des taux de victoire au-delà de 80%… impensable sur un jeu de cartes aux fortes composantes aléatoires.

Un modèle économique innovant

Depuis le début, je vous parle d’Artifact en tant que CCG, pour jeu de cartes à collectionner. Pourtant, les plus grands jeux de cartes physiques du genre comme Magic: The Gathering, Pokémon ou encore Yu-Gi-Oh sont souvent appelés TCG, pour jeu de cartes à échanger.

La raison est simple : aucun des jeux de cartes numériques à succès n’a incorporé à son jeu de mécanique d’échange. Artifact compte bien remédier à ça en ramenant au cœur du jeu cet aspect que les joueurs et collectionneurs adorent : le fait de récupérer ou se débarrasser de ses cartes grâce aux autres joueurs.

D’après les informations actuelles, il ne s’agirait pas vraiment d’échange au sens où on l’entend, mais bel et bien d’un marché virtuel. Il sera donc possible d’acheter ou de vendre des cartes en ligne. Si cette fonctionnalité ne paye pas de mine à première vue, c’est pourtant un point clé du jeu à prendre en compte !

Si Magic: the Gathering dispose de cartes aussi emblématiques que le Lotus Noir, c’est parce que les joueurs ont pu échanger et collectionner les cartes, faisant évidemment des cartes les plus rares des objets de convoitise.

Les points faibles d’Artifact

Le manque d’accessibilité

Si la complexité d’Artifact est indéniablement l’un de ses points forts, Valve n’a-t’il pas poussé les mécaniques de jeu trop loin, fermant ainsi les portes à tous les joueurs occasionnels ?

Une chose est sûre : Artifact prend totalement le contrepied d’Hearthstone sur l’accessibilité. Loin de moi l’idée qu’il faut être un génie pour s’en sortir convenablement dans une partie d’Artifact, mais il faut avouer que la prise en main risque d’être assez laborieuse, pouvant rebuter instantanément une partie du public.

Une interface très classique

Artifact est beau, ergonomique et on a même le droit à un sympathique petit dragon qui vient un peu animer l’aspect statique inhérent à un jeu de cartes… mais comparé à Hearthstone, il est bien difficile de se démarquer en termes de visuels et d’ambiance.

Artifact n’a donc pas à rougir côté direction artistique, mais il est tout de même loin d’égaler cette aura qu’Hearthstone dégage. L’interface est sobre et va à l’essentiel. Ça fonctionne à merveille, mais ça manque un peu de charisme !

Un risque d’expansion des prix

Lorsqu’on cherche les problèmes d’un jeu, rien de tel que de faire un petit tour sur Reddit pour observer des foules de gamers hurler à propos d’un concept qui leur déplait. Concernant Artifact, le point le plus litigieux semble être le modèle économique. Artifact n’est pas un Free to Play et n’a pas vocation à l’être. D’après Valve, un jeu de cartes gratuit n’a pas de sens, puisque cela détruit totalement l’aspect « collection ». Pour être fier de son deck et de sa collection, il faut que tout le monde n’y ait pas accès. Puisque farmer le jeu pendant des milliers d’heures pour enfin posséder des decks intéressant ne semble pas être une solution viable non plus, Valve s’est tourné vers un modèle économique assez rares dans les jeux en ligne actuel : le pay to play pur et dur.

En effet, il faudra acheter vos paquets de cartes avec de l’argent réel, ou même directement acheter des cartes à l’unité revendues par d’autres joueurs. En soit, ce n’est pas de l’argent perdu, puisque vous êtes vous aussi libre de revendre certaines de vos cartes. Si le jeu devient populaire, on peut donc s’attendre à voir un véritable marché en ligne se développer, avec ses cartes cultes à des prix exorbitants.

C’est ici que le problème se pose : quel est le prix raisonnable d’un deck optimisé ? Imaginons qu’un deck devienne si populaire qu’une grande majorité des joueurs cherche à le construire. Les cartes les plus rares de l’archétype seraient alors très demandées, et les prix risqueraient de flamber. Beaucoup de joueurs ont peur que les prix explosent et qu’un seul deck compétitif coûte plusieurs centaines d’euros.

Valve a néanmoins rassuré la communauté en indiquant qu’ils garderaient un contrôle absolu sur l’offre et la demande des cartes. Si le studio n’a pas apporté beaucoup de précisions sur le sujet, on peut imaginer que la rareté des cartes peut être modifié, afin que les cartes clé soient assez faciles à obtenir dans des packs, pour que l’offre rattrape la demande. En théorie, cela semble faisable… mais qu’en sera-t’il dans la pratique ?

Mon avis : Artifact aura un succès incroyable, mais ne remplacera jamais Hearthstone

Depuis des années, je suis dans l’attente de ce jeu de cartes en ligne qui me plaise plus qu’Hearthstone. Certains ont rempli leur fonction comme Krosmaga ou encore Gwent, mais il manquait un petit quelque chose : l’engouement communautaire. D’autres, comme le récent Magic Arena, dispose de gros défauts (la lenteur, notamment) qui me rebutent.

Le constat est flagrant : pour les joueurs trouvant Hearthstone trop « casu » et cherchant un CCG avec une communauté forte… il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Artifact étant édité par Valve, la hype à quelques semaines de sa sortie est évidemment immense et n’assure en aucun cas que le jeu sera bon. Ce qui me rassure, c’est les critiques extrêmement positives de nombreux professionnels de jeux de cartes, ainsi que les nombreuses vidéos de gameplay que j’ai pu éplucher pour constater de mes yeux la qualité du gameplay.

Le jeu semble tout simplement génial, et surtout très différent de Hearthstone. Il est impensable qu’Artifact prenne la place d’Hearthstone. Le jeu n’est tout simplement pas fait pour les joueurs occasionnels qui sont la cible principale du jeu de cartes estampillé Blizzard.

Enfin le temps arrive ou deux excellents jeux de cartes, mais radicalement différents, se partageront la tête d’affiche ? Je l’espère, et je le pense ! Heureusement, il ne reste que peu de temps à attendre avant d’en avoir le cœur net !

Découvrez les meilleurs jeux en ligne de 2018 et nos actus gaming !

Partager l'article

Articles

10 anecdotes sur PUBG

Par cyril / février 28, 2018

On ne présente plus PlayerUnknown’s Battlegrounds, l’un des deux rois du Battle Royale aux coudes à coudes avec le tout aussi incroyable Fortnite. Si tu…

Lire l'article

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *